Quand nous sommes entrés chez Joyce et Frank, à Thibodeaux en Louisiane, c’était comme si nous, les Franco-ontariens, visitions de la famille. Leur bungalow dans une rue tranquille, que le couple cajun avait transformé en gîte, ressemblait à celui de mes oncles et mes tantes québécois. Pour mes oreille franco-ontariennes, leur accent charmant avait tant de sonorités familières. Frank et Joyce ont expliqué que leurs invités, provenant principalement de la France, de l’Acadie ou du Québec, leur donnaient la chance de continuer de vivre en français. Ils étaient curieux de comparer les expressions que nous avions en communs et les mots que nous utilisions de façon très différentes (par exemple, pour eux une “guidoune” c’est une poupée). Ils m’ont montré des photos de famille qui me rappelaient les photos de famille de mes ancêtres maternelles canadiens-français. Lors du déjeuner, ils passaient facilement de l’anglais au français, du français à l’anglais. Nous sommes repartis touchés par ce couple qui continuait de vivre fièrement leur culture et qui la partageait si généreusement.

Tout au long de notre séjour en Louisiane, nous avons découvert une culture cajun qui semblait si fragile, entouré comme elle est d’un océan anglais, et incroyablement résiliente, enracinée dans une histoire profonde. Notre guide dans une ancienne plantation était un jeune francophone de la région, qui avait appris le français à la maison. Celui qui nous a fait visité les bayous utilisaient des mots français, bien qu’il ne parlait pas la langue. Le musée local vendait un dictionnaire d’expressions régionales francophones. Partout, nous découvrions cette culture qui était à la fois fascinante et familière.

La musique zydeco

Si vous ne pouvez vous rendre jusqu’en Louisiane, il n’y a pas de meilleur ambassadeur que Zachary Richard. Si la culture cajun continue de fleurir, c’est bien grâce à des artistes comme ce chanteur, auteur et compositeur. Fier francophone, Zachary Richard intègre l’histoire et le présent de son peuple dans les paroles de ses chansons. Écologiste, il nous fait aussi imaginer la beauté des bayous, de la faune, la flore et des paysages de sa Louisiane natale. Alors que ses chansons sont imprégnées de son accent Cajun et des sons de la Louisiane, on découvre dans la guitare, le violon et l’accordéon qui l’accompagne ses racines qui remontent au Canada.

Pour les francophones engagés, qui connaissent les combats qui doivent être menés quand on fait partie d’une minorité culturelle, l’oeuvre de Zachary Richard a aussi quelque chose de familier. Non seulement sa musique mais aussi les nombreux documentaires qu’il a produits, explorent les combats que les Cajuns ont menés et les injustices qui leur ont été imposées dans le passé.

Ce qui est inspirant dans la musique et le travail de Zachary Richard, c’est de constater à quel point les combats des Cajuns ont enrichi son oeuvre. Loin de contribuer à son assimilation, ces défis ont fait de Zachary Richard un artiste qui nous permet de découvrir un coin francophone de notre pays voisin et une autre version de la francophonie minoritaire. Il fait partie de ceux qui nous font connaître cette riche mosaïque francophone qui s’étire d’un bout à l’autre de notre continent. Quand je m’inquiète des forces assimilatrices, je n’ai qu’à me tourner vers Zachary Richard, ainsi que Frank et Joyce, pour me rappeler à quel point ces forces peuvent être sources de résilience et d’inspiration.

Partagez le monde francophone de Zachary Richard ce Samedi 24 Mars 2018 lors de la Semaine de la francophonie. Plus d’infos et billets disponible ici.